Fatals Picards – Coming Out
La tentation de commencer un billet sur les Fatals Picards par un brillant jeu de mots était grande. Mais, après mûres réflexions, il m'est apparu plus sage de laisser ce rôle à la presse spécialisée qui, avec un titre d'album comme Coming Out, devrait pouvoir se faire plaisir.
Parce que, naturellement, quand on évoque les Fatals Picards, on pense humour. Et, surtout, quand leur nouvel album sort enfin, on espère qu'il soit à la hauteur de Pamplemousse Mécanique, paru il y a déjà 4 ans.
Ce n'est pas vraiment que le Sens de la Gravité était mauvais, mais il faut admettre que Pamplemousse Mécanique était au-dessus du reste. Du point de vue de l'humour incisif, surtout. Parce qu'en ce qui concerne la production, le dernier album était vraiment bon.
Et bien, pour ça, ce Coming Out est une excellente confirmation ! Travaillé à Bruxelles, l'album est très abouti d'un point de vue musical : presque toutes les chansons bénéficient de 3 guitares qui enrichissent nettement l'ensemble. On notera aussi l'apport intéressant d'autres instruments selon les morceaux : piano sur Coming Out, cuivres sur Noir(s) et Par ici la monnaie, accordéon sur Miss France ou encore une ambiance "electro" pour le gros délire Moonboots qui conclut l'album.
Le groupe se perfectionne d'album en album et arrive à faire mûrir son style de "punk pour les nuls" qui les suivait jusqu'en 2008.
Mais, bien sûr, vous voulez surtout savoir si c'est drôle. Et, là, je vais devoir être plus nuancé. Malheureusement.
En effet, là-dessus aussi, cet album est dans la continuité du Sens de la Gravité : il semblerait que les 4 Fatals soient moins inspirés depuis le départ d'Ivan. Cela dit, l'écriture est toujours aussi impertinente et n'hésite pas à taper avec dérision (ou non) sur les problèmes de la société actuelle : immigration (La France du petit Nicolas), écologie (1983) ou encore homosexualité (Coming Out).
Oui, mais, c'est globalement moins drôle. On ne se marre pas à chaque phrase comme c'était le cas avant, et c'est un peu dommage d'autant que l'album contient tout de même quelques belles perles comme dans 1983 qui encourage Yannick Noah à sauver le monde en 2012, largement la meilleure chanson de la galette : "Dans cette arche il y aura quelques américains / En fait surtout des américains / Comme ça on est sûr que tout finira bien [...] / Et puis plein d'enfants pour toucher plein d'allocs / Comment est-ce qu'on pourrait faire sans allocs ? " tandis que le refrain de La France du petit Nicolas est également assez savoureux : "On n'avait pas la carte et pas l'identité / Juste le faciès et le droit de la fermer / On n'avait presque rien et presque pas le choix / C'était ça la France du petit Nicolas ".
Il faudra donc se rendre à l'évidence : Les Fatals Picards est un autre groupe depuis le départ d'Ivan. Plus mature musicalement, moins hilarant mais avec toujours cette petite d'impertinence bien à eux. Il ne reste plus qu'à espérer qu'ils soient toujours aussi efficaces en live, domaine où ils ont eu l'habitude d'exceller. Vous aurez probablement droit à une review lorsqu'ils passeront sur Bruxelles.
Et, d'ici-là, portez vous bien
aimak
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